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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 08:24

Avertissement : ce texte est une fiction !

La lumière venait de s’éteindre. La maison était plongée dans l’obscurité. Comme chaque soir, l’électricité était partie. Elle resta étendue sur le lit, ferma les yeux.

Qu’est-ce qu’elle était venue faire dans cette galère ? Ou plutôt sur cet îlot au milieu de l’océan, écrasé de soleil et battu par les vents.


Elle avait souvent fait des choix malheureux dans sa vie, aujourd’hui encore il fallait assumer.

Elle comptait les jours qui la séparaient du moment où elle monterait dans l’avion qui la ramènerait chez elle.
Chez elle, où était-ce ?

Avant de partir pour cet eldorado de pacotille, ils avaient vidé l’appartement. Ils avaient tout vendu ou donné, même le lit et les plantes vertes. Quelques objets inutiles conservés dans un garde meuble. On garde toujours avec soi les choses indispensables et inutiles de son passé.

Mais qu’est-ce qu’elle avait cru ? A presque 50 ans, partir dans un pays inconnu, en voie de développement, sous un climat tropical, et pour faire un nouveau métier.


Elle s’était laissée éblouir par les couchers de soleil, les cocotiers, la douceur de vivre, le vieux phantasme des îles. Elle avait pensé qu’elle allait s’amuser à rencontrer d’autres gens, vivre de nouvelles choses. Vivre autrement qu’en France.


Au début, à la vérité, entre deux moments de nostalgie, c’est vrai qu’elle avait bien rigolé. Ils avaient trouvé une maison avec travaux à prévoir comme on dit. Avec les ouvriers du chantier, elle avait retrouvé un peu de son enfance, son père artisan plombier, le magasin de sa mère plein de bric à brac. La gentillesse des gens de la rue aussi, un peu comme dans un village, ce n’était pas comme à Lyon.

Et puis la maison s’est avérée être beaucoup moins agréable que prévu, et les couchers de soleil sur la mer ne compensaient plus le vacarme incessant des voitures sur la route en contrebas. Et puis cette odeur de poubelles brûlées à lever le cœur.


Ils avaient donc quitté le littoral pour une maison plus proche de la forêt, un peu en hauteur. Ils avaient gagné en tranquillité et fraîcheur ce qu’ils avaient perdu de la vue sur le paysage.

Elle ressentait de plus en plus l’isolement. La maison était loin de la ville. L’île était loin de tout Entourée d’eau. Finalement elle avait compris qu’elle n’aimait pas la mer. Les vagues plus fortes que tout. Les embruns qui collent la peau. L’odeur d’iode mêlée à celles du poisson et de l’essence quand on passe au port.

 

Elle avait cru aussi en son nouveau job. Rencontrer des vrais gens, des gens de la terre. Elle en avait croisé. Des gens formidables, qui croient en ce qu’ils font. Mais ont-ils un autre choix ?

C’est quand on sait qu’on peut faire autre chose que ce que l’on fait ne nous intéresse pas.

On veut toujours faire plus, faire mieux, faire plus vite.

Et puis d’autres gens aussi. Plus nonchalants, plus fatalistes. Elle savait bien aussi qu’il lui faudrait être courageuse, que la formation reçue avant de partir sur ce nouveau métier serait un peu juste. Elle pensait qu’elle y arriverait. Que ce ne serait pas si dur que ça ?

Eh bien si, les compétences ne s’acquièrent pas en lisant une page de procédures. Elle avait essayé, passé des heures à réfléchir et à essayer de comprendre les méandres de la comptabilité analytique, et la logique du débit-crédit.

Elle avait demandé, questionné. Elle avait eu des réponses qui ne l’avaient pas éclairée.

 

Encore une histoire de lumière…

 

Elle était toujours là, à rêvasser quand elle entendit un grand bruit. Puis un roulement sourd. Elle senti le lit trembler légèrement, puis vibrer. Le vent s’était levé. Une odeur de soufre emplissait l’air. Le volcan !

 

Le volcan ? mais il est tranquille, l’ingénieur du labo n’a rien dit d’anormal, les mesures sismiques sont un peu en hausse ces dernières semaines mais rien d’inquiétant.

 

C’est alors qu’elle se rendit compte que les oiseaux s’étaient tus.

« Oli ! Oli ! Madame ! »  Le gardien arrivait déjà à la porte et disait affolé « madame, madame, il faut partir d’ici, le volcan, le volcan ! »

Sortant de la maison, elle ne vit rien. Puis elle tourna la tête vers la montagne. Et là, elle fût happée par une lueur rougeâtre émanant du sommet. Que faire ? Où aller ? Que disent les consignes de sécurité déjà ?

Le portable se mit à sonner. Son ami était resté au bureau travailler plus tard ce soir. Les routes étaient déjà bloquées. Il ne pouvait pas venir la chercher. Elle devait rester dans la maison pour le moment. Et le téléphone coupa.

 

Le gardien revint à la charge. Il lui dit de jeter quelques affaires et ses papiers dans un sac et de venir avec lui. Déjà les voisins étaient partis. Il ne fallait plus attendre.

Abandonnant la maison, elle dévala le chemin caillouteux, se tordant les pieds dans les ornières.

Sortant de partout, les gens couraient vers la mer.

 

C’est alors qu’elle aperçut un groupe de personnes et reconnu son chef d’îlot. Quand on lui en avait parlé elle avait souri.

- «  Mais, ça sert à quoi un chef d’îlot ? 

- Ce n’est pas le chef de l’île mais le responsable du quartier qui te prévient s’il se passe quelque chose. Ici il peut se passer quelque chose à tout moment, tu sais. »

Oui sauf qu’il avait un peu oublié de la prévenir.

- « Justement te voilà », cria-t-il, « allez ne perdons pas de temps, il faut aller au consulat, c’est la consigne. Les voitures encombrent la route, il faut aller à pied. »

Et ce foutu portable qui ne marche pas.

 

Dans la nuit, les hommes courent, crient, prient aussi. Une pluie de poussière s’abat maintenant sur la ville. Il faut se couvrir la tête. Ils sont là, apeurés, à moitié habillés pour la plupart. Les femmes, elles, tiennent leurs enfants par la main et couvrent les bébés de leur châle. Tous marchent vers la mer. Vers les bateaux. Certains ont déjà pu quitter la rive.

 

Le groupe arrive enfin au consulat. Les gens sont tassés au fond de la cour et écoutent ce qui est dit.
- « C’est une éruption. Il y a eu des échappées de gaz depuis quelques jours, on a rien dit pour ne pas affoler les gens. C’est déjà arrivé plusieurs fois et la plupart du temps rien de s’en suit. Ok aujourd’hui c’est différent. On ne pouvait pas savoir.»

Elle retrouve son ami. Ils sont ensemble, c’est déjà ça !

 

- « Les consignes de sécurité et les réflexions des groupes de travail sur le volcan, ainsi que des ONG… »

Rumeur d’impatience dans l’assemblée. La voix poursuit dans le silence revenu

- « On ne peut pas prendre les voitures pour aller au nord, les routes sont encombrées et du fait de leur mauvais état, elles sont bloquées par des véhicules accidentés. Pas question d’y aller à pied. Des bateaux sont à quai, nous allons y aller ».

 

Les gens se lèvent et sortent de la cour à la file indienne. Ils traversent la route, atteignent les rochers, deux bateaux de pêche de plastique, les mêmes kwassas kwassas que pour les immigrés, attendent. Les réfugiés montent à bord. Pas de place pour les sacs et les valises.

- « On les ramènera au consulat, on viendra les rechercher après ».

 

Chacun abandonne ses dernières affaires en sachant bien qu’il ne retrouverait pas grand-chose. Les bateaux se remplissent, il y a beaucoup de monde, il n’y a pas assez de place... On crie « hé, hé… »

 

- « Hé ma chérie, réveille toi, j’ai eu la réponse du conseil régional ! Je suis pris, nous partons dans le Gers ! »

 

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commentaires

A
Bonjour Edith, Soumette m'a dit que tu voulais avoir mon e-mail, le voici : a.decaen@orange.fr<br /> et il en a profité pour me donner l'adresse de ton blog. He! je ne savais pas que tu écrivais, félicitations pour cette mini-nouvelle ! Moi aussi j'y ai cru à ton histoire, malgré le sous-titre... Etes-vous bien installés ? Contents de vos nouveaux postes ? Je pense souvent à vous, j'ai été heureuse de croiser votre route. j'espère qu'on aura l'occasion de se revoir quelque part sur la globe. Je vous embrasse tous les deux. <br /> Bon, ça fait pas très commentaire de blog, mais ça vient du coeur. LOL<br /> Anne
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S
Je suis fan de votre histoire et espère pouvoir suivre vos aventures ici aussi ! Mais j'y ai trop cru à votre histoire de volcan !
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